COMMÉMORATION DU 27 MAI 1943
HOMMAGE A DES RÉSISTANTS



message lu par Serge TILLY président du comité local de l'ANACR devant le monument aux morts de Lannion

Le 18 avril 1942 le Général De Gaulle avait déclaré "l’insurrection nationale ne peut être séparée de la libération nationale". C’est ce qu’avait rappelé en citant le Chef de la France Libre, le Conseil national de la Résistance dans la première partie de son programme publié le 15 mars 1944 et qui affirmait la "volonté de délivrer la Patrie en collaborant étroitement aux opérations militaires que l’armée française et les armées alliées entreprendront sur le continent.
Aussi cette insurrection nationale qui commence en ce début juin 1944, la Résistance l’avait préparée depuis de nombreux mois. En premier lieu en faisant son unité le 27 mai 1943 à Paris au 48 de la rue Dufour lors de la réunion sous la Présidence de Jean Moulin des représentants des 8 principaux mouvements de Résistance ainsi que six partis politiques clandestins et deux syndicats.
Malheureusement le 21 juin Jean Moulin victime d’une trahison tombait dans les mains de la Gestapo et mourrait en gare de Metz le 8 juillet des suites des tortures subies sans avoir parlé. Son œuvre va lui survivre et déboucher le 15 mars suivant sur un programme d’avenir.
La création ce 27 mai 1943 du CNR avait renforcé la légitimité du chef de la France Libre auprès de alliés " J’en fus à l’instant plus fort" dira-t-il car il représentait ainsi la France Combattante tant à l’intérieur qu‘à l’extérieur du pays. Elle avait aussi permis en unifiant toutes les forces de la Résistance, la mise en place dès la fin de 1943 des comités locaux et départementaux de la Libération, la création début 1944 des Forces Françaises de l’intérieur (FFI) et l’adoption du programme du CNR.
Préparant dans sa première partie l’insurrection nationale, ce programme dessina dans sa seconde partie les contours de la France libérée, rénovée, démocratique, solidaire dans laquelle l’intérêt général primerait sur les intérêts particuliers. Mis en œuvre par le Général De Gaulle à la Libération ce programme dont les avancées malgré des remises en cause ultérieures est encore présent dans notre vie citoyenne et sociale.
Rappeler aujourd’hui 27 mai journée Nationale de la Résistance les valeurs humanistes, démocratiques et patriotiques qui inspirèrent le combat de la Résistance s’inscrit dans le devoir de mémoire à l’égard de celles et ceux qui ont combattu et souvent sont tombés pour la Liberté. Des patriotes qui par dizaine de milliers ont été pendant quatre ans pourchassés, torturés, fusillés, déportés par un régime qui se mit aux ordres de l’occupant et qui s’associera aux persécutions raciales antisémites telle la rafle du Vel Div du 16 juillet 1942 qui enverra vers les camps de la mort plus de 70.000 femmes, hommes et enfants.
Aujourd’hui 27 mai c’est aussi répondre au besoin de mémoire dans un monde qui connaît toujours les guerres, le racisme, la xénophobie, les atteintes aux libertés et à la dignité humaine, la torture, la résurgence du fascisme, les actes de barbarie du terrorisme qui ont frappé la France et plusieurs autres pays, tous ces fléaux contre lesquels il nous faut à l’exemple des Résistantes et des Résistants se dresser sans faillir !
De cette période sombre de notre histoire très peu d’acteurs et encore moins de responsables sont encore en vie et aptes à témoigner.
Notre président départemental Jean LE JEUNE âgé aujourd’hui de 97 ans, est l’un d’eux, il fut dès 1943 responsable FTP sur le sud-ouest du département.

Un épisode majeur de la résistance vécu par Jean LE JEUNE est passé à l’époque inaperçu à Lannion et pourtant une partie se déroula en pleine ville.
Le 21 février 1944 Jean LE JEUNE venant de Saint-Nicolas-du-Pélem à bicyclette allait accomplir une mission de transport d’armes.
Ce 21 février, à l’entrée du bourg de Lanvellec, il fut interpellé par 3 gendarmes français de la brigade de Plouaret. Fouillé, il tenta de s’enfuir, l’un des gendarmes tira sur Jean LE JEUNE le blessant grièvement d’une balle dans le dos qui lui traversa le poumon. Transporté à l‘hôpital de Lannion actuellement occupé par l’école des ingénieurs l’ENSSAT.
Le 8 mars 1944, soit 3 semaines après son arrestation, les camarades FTP de Jean Le Jeune venus en traction avant du secteur de Saint-Nicolas-du-Pélem pénétrèrent dans l’hôpital, maîtrisèrent les deux gendarmes de faction et exfiltrèrent Jean LE JEUNE.
Caché, soigné, convalescent, il mettra plusieurs semaines pour se rétablir et le 1er mai 1944 il reprendra ses activités et ses responsabilités au sein de la résistance.
A la Libération, Jean LE JEUNE fut nommé responsable départemental des 15 000 FTP puis membre de l’État-Major FFI composé de 12 membres.

Il y a quelques semaines, devant des propos mensongers et diffamatoires diffusés sur un site Internet concernant son arrestation, Jean LE JEUNE a porté plainte contre l’administrateur du site, qui fut contraint de retirer ses propos et du s’acquitter d’une amende.
Cela doit renforcer notre vigilance car nous vivons dans un monde où il est difficile de combattre les fausses informations qui sont si facilement diffusées sur les réseaux sociaux ou sur des sites malveillants.

Défendons les idéaux de la Résistance et du CNR.
Défendons les femmes et les hommes qui les ont portés hier au risque de leur vie !





Le Trégor jeudi 30 mai 2019